the story my ex told.
Tu étais en cours quand ton téléphone a sonné et tu n’as pas répondu. Tu le regrettes tellement maintenant. Tu es sorti de classe accompagné d’un de tes amis et là ton téléphone a sonné de nouveau après de multiples appels en absence. Tu sentais bien que quelque chose n’allait pas, qu’il y avait un problème.
« Allô maman ? » Personne ne te répondit pendant un moment, seulement des larmes. Ton cœur se mit à battre de plus en plus vite :
« Maman ? Tout va bien ? Qu’est-ce qu’il y a ? » Tu venais de terminer la journée, de nombreuses heures de travail t’attendaient, tu aurais simplement voulu te reposer mais cela ne serait pas le cas, pas ce soir.
« C’est ton père. Il ne reviendra pas Shawn. » Tu ne savais pas quoi dire, il n’y avait rien à dire. Ton père était parti quelques semaines plus tôt en Afrique pour une mission de Médecin sans Frontières. Ce n’était pas une mission à risque mais il y en avait toujours quand il partait et vous le saviez tous. Tu ne voulais même pas savoir ce qui c’était passé. Tu raccrochais avant de prendre la voiture. Enfin, c’était ce que tu voulais faire mais ton ami t’interdit de le faire et te ramena chez toi. Les larmes ne s’étaient pas arrêtées de couler depuis la fin du coup de téléphone. Il fallait que tu laisses couler les larmes maintenant parce que tu savais qu’elle n’aurait pas le droit de sortir longtemps. Il y avait tes sœurs et tes frères qui devaient être effondrés sans parler de ta mère, tu avais peur qu’elle ne s’en remette pas, tes parents avaient toujours été très attachés. Une fois à la maison, les choses s’enchaînèrent. L’enterrement à préparer, tes frères et sœurs qui venaient se réfugier dans ton lit le soir, tes cours que tu avais du mal à suivre et à rattraper. Et puis ta mère qui se mit à faire une dépression. Tu n’eus pas d’autres choix que de prendre un boulot en plus de tes études pour que tes frères et sœurs puissent vivre convenablement. Et il y avait toujours tes études à payer, rien que pour cela tu devais faire le plus de choses possibles. Cependant tu finis par craquer, tu étais le seul à ne pas te l’être permis et tu le fis à une soirée chez ton meilleur ami. Il te laissa parler et à la fin il te tendit un prospectus.
« Je sais que ce n’est pas ton genre mais ma copine me l’a conseillé, cela l’a aidé quand elle a perdu sa grand-mère, tu devrais essayer mec. Tu as besoin d’en parler avec des gens qui comprennent. » Ton meilleur ami ne pouvait pas comprendre, il n’avait perdu personne et il ne prétendait pas faire comme s’il pouvait comprendre, c’était pour cela que tu l’adorais aussi. Tu feuilletais le prospectus. C’était de la publicité pour un groupe comme les alcooliques anonymes mais pour des gens ayant perdu un proche. Pourquoi pas après tout non ? Et puis ta mère commençait à se remettre sur pied, tu allais avoir besoin de travailler pour rembourser une partie de tes études mais elle s’occuperait de tes frères et sœur au moins financièrement. C’était un soulagement immense …
« Salut, moi c’est Pearl, nouvel arrivant ? » Tu avais à peine passé la porte de la salle de réunion qu’une chevelure châtain vint se présenter devant toi. Cela te déboussola pendant un instant, tu préférais prendre ton temps, découvrir les lieux avant d’adresser la parole aux gens. Tu avais hésité avant de venir, beaucoup hésité et c’était ta mère qui t’avait convaincue de venir à cette réunion. Au moins pour essayer elle avait dit. Elle t’avait dit qu’elle avait pu faire son deuil, qu’elle avait eu ses amis pour l’entourer, elle t’avait remercié d’avoir été là mais maintenant c’était à ton tour de le laisser partir et cette méthode n’était pas pire qu’une autre bien au contraire. Alors elle t’avait déposé en voiture pour être bien certaine que tu ne te défiles pas, tu avais l’impression d’être un adolescent c’était pathétique. Et puis il y avait cette jeune fille magnifique devant toi, Pearl apparemment.
« Euh ouais c’est la première fois que je viens. » Tu ne savais pas quoi dire d’autre, tu n’avais pas envi de commencer à parler de ton père, aucune envie même. Elle n’eut pas le temps de répondre, une personne plus âgée vous rassembla autour d’une table, chacun prit place sur une chaise et Pearl te fit un sourire rassurant. Une fois que le calme s’était fait, Josie te demanda de te présenter et de dire pourquoi tu étais là, tu savais que ce moment allait arriver. C’est en regardant le plafond que tu dis :
« Je m’appelle Shawn, je fais des études en médecine et il y a quelques mois j’ai perdu mon père. Il était parti en mission humanitaire en Afrique et cette dernière s’est retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Il n’est donc jamais revenu, du moins pas avec un sourire et des babioles des villages qu’il avait visité. Ma mère a fait une dépression, j’ai dû m’occuper de mes frères et sœurs, trouver un travail, continuer mes études, je n’ai pas eu le temps de penser à ce que cela me faisait de l’avoir perdu. Mon meilleur ami et ma mère ont pensé que ce serait une bonne idée pour moi de venir ici. » Tu osais les regarder qu’à la fin et pas avant, tu ne pouvais le supporter tout simplement. Et tu les vis ces regards remplis de tristesse et de pitié mais ils n’étaient pas les mêmes que ceux de tes professeurs et de tes camarades. Non, bien au contraire, il y avait aussi de la compréhension et de la compassion.
« Bienvenue parmi nous Shawn, ici on apprend chacun de l’expérience des autres. » Et petit à petit tout le monde raconta sa semaine, comment ils avaient surmonté cette dernière, comment elle leur avait permis de mieux accepter ce deuil. Tu ne pus t’empêcher de tourner le regard vers Pearl et cette dernière te regardait avec un sourire timide.
« J’ai perdu ma mère. Tu verras, tu trouveras ta place ici. » Dit-elle avant de reporter son attention vers la demoiselle en train de raconter la mort de sa cousine qu’elle considérait comme sa sœur. Oui, tu allais te plaire ici.
Cela fait un an que Pearl et toi vous vivez ensemble. Votre relation s’est construite petit à petit, au fil des réunions et puis après en dehors. Tu es tombé amoureux petit à petit, pas tout d’un coup. Elle connaît tous tes secrets et tu connais les siens. Tu pensais la connaître par cœur, tu pensais que vous étiez heureux jusqu’à ce qu’elle te quitte il y a quelques jours. Elle n’était pas heureuse apparemment ce que tu n’as jamais observé mais en tout cas elle vient de te briser le cœur avec quelques petits mots. Et dire qu’elle t’avait dit penser être enceinte et ne pas regretter de pas l’être, c’était peut-être ce qui avait fait le plus mal dans toute cette histoire. Elle était la meilleure chose qui te soit arrivée depuis longtemps car elle était parfaite, elle te complétait et elle te donnait envie de continuer à te battre tous les jours pour ton bonheur à toi et pas celui des autres. Elle t’a aussi beaucoup aidé quand tu as douté de tes capacités à devenir médecin toutes ces années et la voir te quitter quelques jours avant le début de ton premier internat, tu avais presque envi de ne pas y aller. Mais tu ne pouvais pas faire cela à la mémoire de ton père. Ton meilleur ami était venu pour te remonter le moral, vous aviez bien bu et étiez sortis mais ce n’était plus ce dont tu avais besoin désormais, tu avais vingt-cinq ans et tout ce que tu voulais c’était Pearl, cette brunette qui t’avait dit les yeux dans les yeux que tu ne la rendais pas heureuse. Comment vous le prendriez ça vous ? Enfin, aujourd’hui tu commençais ton internat de médecine et tu n’avais pas droit à l’erreur. Tu avais droit à un service pas spécialement sympathique mais important qui était celui des cancers en tout genre et tu allais tourner dans plusieurs services.
« Bonjour Shawn, comment tu vas ? » Le docteur qui s’occuperait de te superviser était un ancien ami de ton père, ce dernier connaissait tout le monde dans cet hôpital, tu ne savais pas si c’était pour cela qu’ils t’avaient accepté mais même si c’était un peu à cause de ça, tes notes étaient impeccables.
« Ca pourrait aller mieux et vous ? » Tu n’avais pas envi de t’épancher sur ta vie amoureuse avec les anciens amis de ton père. Ici plus que jamais tu ne pouvais le sortir de ton esprit. Serait-il fier de toi ?
« Je vais bien merci. Aujourd’hui je te fais visiter les lieux et je te fais rencontrer les patients qui restent ici et je voudrais que tu étudies un dossier qui vient de rentrer, on aura besoin d’un regard nouveau. » Tu acquiesçais, cela te convenait très bien.
« C’est un cas de quoi ? » Demandas-tu curieux. S’il y avait une chose que ton père t’avait transmis c’était cette envie de sauver les autres et de pouvoir les aider autant psychologiquement que physiquement.
« Une leucémie, je te passerait le dossier en anonyme pour l’instant, elle doit passer dans quelques jours tu ne tarderas pas à la rencontrer. » Le soir même, tu rentrais chez toi avec le dossier de cette demoiselle diagnostiquée quelques jours plus tôt et dont il allait falloir s’occuper au plus vite. Mais tu étais loin d’imaginer la surprise qui t’attendait quand tu entrerais dans cette chambre au fond du couloir deux jours plus tard.